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L’armée sénégalaise a lancé depuis mardi 26 janvier une vaste opération militaire en Casamance. Les tirs à l’arme lourde ont suscité la peur et l’inquiétude dans les villages bissau-guinéens situés non loin du théâtre des opérations. RFI s’est rendue sur place.

Selon le porte-parole de l’armée sénégalaise, les objectifs de la mission sont de « neutraliser des éléments armés qui ont pris refuge dans cette zone pour perpétrer des exactions contre les populations », « de lutter contre les trafics » – notamment de cannabis et de bois – et de « poursuivre l’accompagnement sécuritaire » des populations dans leurs localités.

De nombreux villageois, déplacés ces dernières années dans la capitale régionale de Ziguinchor à cause de l’insécurité, ont commencé à rentrer sur leurs terres depuis juillet dernier. La zone concernée par les opérations s’étend entre Bissine, au sud de Ziguinchor, et la frontière de la Guinée-Bissau, soit environ 150 km².

À Nhalom, village bissau-guinéen situé à seulement 1 500 mètres de la frontière sénégalaise, des tirs à l’arme lourde ont arraché des habitants de leur sommeil ce samedi. Des roquettes sont tombées dans le village sans faire de victime.

« Les tirs ont repris à 6h. Trois roquettes sont tombées, dont une tout près de ma maison. Ensuite, ils ont orienté les tirs dans la direction du village voisin de Papia. J’ai quitté mon village pour m’installer à Ingoré », explique un témoin.

L’armée sénégalaise a utilisé d’importants moyens pour déloger de leur gîte les éléments du Mouvements des forces démocratiques de Casamance (MFDC) cachés dans les forêts voisines, à quelques kilomètres de là. Les fortes détonations entendues dans la nuit de vendredi à samedi ont suscité la peur et l’inquiétude des habitants dont certains ont déjà mis leur famille à l’abri, loin des zones de combats.

L’armée bissau-guinéenne surveille de près la situation. Elle a déployé des hommes pour, selon un officier sur place, « protéger les villages frontaliers et empêcher l’infiltration des hommes armés dans son territoire ». Selon un témoin joint par RFI, aucun élément du MFDC n’a encore franchi la frontière. « Les rebelles ne sortent plus de leur base. Ils ne viennent plus dans notre village. »

Pour l’heure, l’état-major des armées à Bissau n’a fait aucune déclaration sur la situation au nord de sa frontière.

Nous étions en train de jouer au football quand nous avons entendu une forte détonation. Et c’était la débandade sur le terrain. A la nuit tombée, chaque fois ça tire, on voit une boule de feu qui résonne “boum”. Et une épaisse fumée se lève et redescend. Cela nous fait vraiment peur.

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